Annecy-le-Vieux
Introduction 1 : La terre et les hommes
2 : De la préhistoire à la naissance d'Annecy-le-Vieux
3 : La paroisse et ses édifices religieux
4 : Un moyen-âge obscur et difficile
5 : 17ème et 18ème siècle : une image qui se précise et se durcit
6 : La Révolution et l'Empire (1792-1815)
7 : La Restauration Sarde (1815-1860)
8 : De l'Annexion à l'urbanistion
Annexe 1 : La vigne et le vin Annexe 2 : La famille de Menthon de la Balme au château de la Cour
Autres annexes |
5 : 17ème et 18ème siècle : une image qui se précise et se durcit - 5.5 : Annecy-le-Vieux en 1756
C’est un autre aspect de la paroisse qui apparaît dans la réponse de son secrétaire à un questionnaire général de l’Intendant du Genevois en 1756. Ce secrétaire est un quasi-fonctionnaire de l’administration sarde travaillant pour plusieurs paroisses. Sa réponse, à l’Intendant, est-elle entachée d’un parti-pris de misérabilisme destiné à apitoyé les autorités ? Il convient en tout cas de la replacer dans son contexte[1].
L’enquête dépeint la situation en 1754-55, soit six ans après la fin de l’occupation espagnole qui a appauvri l’ensemble du pays et après plusieurs années d’intempéries. D’autre part, bien d’autres documents de l’époque montrent la pauvreté des paroisses rurales de la région d’Annecy, à la différence de celles qui avaient troupeaux et alpages.
La population, composée de 126 familles, est en diminution : 481 habitants en 1755, 450 en 1756 (ces chiffres, basés sur la gabelle du sel, ne prennent pas en compte les enfants de moins de cinq ans, de l’ordre d’au moins d’une centaine). Le secrétaire explique cette diminution par l’émigration temporaire d’une trentaine d’habitants et par le départ définitif de ceux qui ont fui les poursuites de leurs créanciers ou qui se sont réfugiés en France pendant la guerre.
L’émigration est ainsi décrite : « Il n’est pas douteux qu’il ne sorte beaucoup d’habitants de cette paroisse, les uns pour mendier, les autres pour aller à services ; il y en a aussi environ douze que la misère et les dettes ont forcés d’aller en pays étranger, mais comme elles sont la plupart enfants de grangers et fermiers sans biens et les autres obérés de dettes, on ne s’est pas aperçu qu’il en soit revenu une depuis plus de vingt ans avec vingt sols en poche ».
Du fait de cette émigration, l’agriculture manque de bras. Le secrétaire estime que cent personnes au plus « sont capables de travail ». Il en résulte que biens des terroirs sont tombés en friche, notamment sur la colline.
Parmi les autres causes qui nuisent au développement de l’agriculture, le secrétaire cite l’importance des terrains marécageux, les dégats provoqués par les crues du « Cier » qui ont emporté soixante journaux (soit vingt hectares), le nombre excessif de sentiers à travers champs, les dégâts occasionnés par les chasseurs qui viennent d’Annecy, le pillage inconsidéré des bois.
Les productions de céréales et de légumes ont donc été insuffisantes pour les besoins des habitants. Elles ont été suffisantes en ce qui concerne le foin, la paille et le fromage (70 quintaux de « fromage blanc vulgairement appelé tome »). Seuls les bois et surtout le vin dépassent les besoins. La production d’huile de noix est faible et il n’y a pas de châtaignes. Enfin, Annecy-le-Vieux produit 1200 aunes de toile, ce qui est inférieur à ses besoins.
Le bétail compte 116 bœufs, 232 vaches, 100 veaux, 12 chevaux, 157 moutons et 16 cochons, soit, en moyenne par famille, 1 bœuf, 2 vaches, 1 veau, 1 mouton. Le cheval était un signe extérieur de richesse : une famille sur dix en possède un.
Le secrétaire propose enfin des mesures destinées à améliorer la situation : transformation d’une partie des vignes en prés, meilleure protection de la forêt, classement des chemins en chemins royaux, chemins publics et autres, enfin obligation pour les propriétaires de faire transcrire les mutations des propriétés sur le « livre des transports ». Ces propositions, fort judicieuses, vont dans le sens des mesures qui seront prises plus tard.
Date de création : 03/03/2010 @ 15:04 |